4 septembre 2022

Présentation des championnats du monde de Swimrun ÖTILLÖ

Photos : Jean-Marie Gueye et Cyril Crespeau

Les championnats du monde de Swimrun ÖTILLÖ auront lieu ce lundi 5 septembre à  Sandhamn (Suède). 

78 tandems (42 masculin, 25 mixtes et 11 féminins) se présenteront sur la ligne de départ à 5h50. Une délégation française, composée de dix athlètes, sera de la partie. Chargé de mission pour le Swimrun à la F.F.TRI, Thibault Lallemand nous présente la discipline ainsi que les enjeux de ce championnat du monde. De leur côté, deux tandems (Pierre Massonneau-Fabien Besançon et Eugénie Plane-Matthieu Poulain) ont livré leurs ambitions pour ce grand rendez-vous.

 

INTERVIEW THIBAULT LALLEMAND

Peux-tu te présenter succinctement ? 

Thibault Lallemand : J’ai 52 ans, je vis à Cahors, je travaille dans l'ingénierie informatique dédié au design graphique et l’imprimerie. Mon club est Cahors Triathlon. Je suis Directeur Technique de mon Club, je dirige l’école de Triathlon et j’entraîne en particulier le groupe 12-19 ans, je suis membre du Comité Directeur,  j’en ai été le président jusqu’en 2021 où j’ai été élu président de la Ligue Occitanie. En parallèle, je suis impliqué dans la Mission Swimrun à la FFTRI et je suis encore pratiquant à l’occasion.

Depuis quand as-tu pris les rênes de la mission Swimrun ? Pourquoi cet attachement à cette discipline ?

Thibault Lallemand : Je suis membre de la mission depuis 2017. Suite à l’élection de la nouvelle équipe fédérale en 2021, je suis maintenant chargé de mission pour le développement des disciplines enchaînées et du Swimrun.

J’ai toujours pratiqué les disciplines dans leur version les plus “outdoors”. Je pratique les courses trail, le VTT, la nage en eau libre… et donc orienté en Cross Triathlon. Lorsqu’est apparu le swimrun, je m’y suis rapidement intéressé et je me suis lancé sur les premières courses en 2015. Cela a été comme une révélation ; la discipline ultime où l’athlète fait corps avec l’environnement, sans transition, où la performance fait jeu égal avec l’expérience, la stratégie et surtout l’effort partagé et la cohésion avec son binôme. C’est aussi une discipline qui se pratique beaucoup en “off”, c'est-à-dire en mode rando, en petits groupes, entre ami.e.s, découverte où la sensation de liberté et de moments sportifs partagés.

 

Combien de personnes collaborent avec toi dans cette commission ?

Thibault Lallemand : Thomas Amo, Directeur Technique de la Ligue Occitanie, m'épaule dans les activités. Nous ne sommes pas binôme en course mais nous formons un duo de travail, tant à la Ligue que sur nos missions fédérales. C’est quelqu’un de passionné, très impliqué avec une grande expertise… On peut envisager beaucoup de choses avec des partenaires tels que lui.

 

Quelles actions as-tu mis en place depuis ta prise en main de la commission ?

Thibault Lallemand : Sous la mandature précédente, la mission Swimrun conduite par Jean-Michel, nous avons posé les bases de l’intégration fédérale de la discipline. Nous nous sommes concentrés sur la mise en place du Championnat de France. Tout en maintenant son attachement à développer et valoriser les organisations, nous avons concentré nos actions en faveur des pratiquants. 

Nous avons identifié un groupe d'athlètes avec qui nous échangeons et collaborons pour orienter nos actions de manières idoines. L’objectif est de valoriser les athlètes, accroître le niveau de performance, favoriser la féminisation, améliorer les conditions d'entraînements, développer la visibilité, augmenter le nombre de pratiquant, accompagner le développement et l'accessibilité aux épreuves et à la pratique, trouver des financements et des sponsors… l’objectif à terme était de pouvoir identifier des athlètes susceptibles de nous représenter au niveau international et qu’ils soient représentatifs du niveau que nous ambitionnons. 

Le Swimrun est une pratique “en construction”, chaque étape de progrès est une expérimentation, nous ne nous sommes pas donnés d’échéances. Mais il nous a semblé que le moment était propice, que les athlètes français avaient atteint ce niveau que nous attendions et qu’il y avait sur le circuit encore beaucoup d’athlètes susceptibles d’assurer une “relève”. Nous avons donc fait le choix de sélectionner dès cette année les athlètes qui répondaient aux critères que nous nous étions fixés pour nous représenter sur les échéances à venir et notamment la finale du circuit Ötillö, le 5 septembre.

 

Depuis combien de temps existe le championnat du monde ? Qui sont les organisateurs  ? Combien y a-t-il d'étapes dans l'année ?

Thibault Lallemand : Ötillö, littéralement "d'île en île”, a démarré par une épreuve unique en 2005. C’est par la suite que le circuit est né avec des épreuves qualificatives de plus en plus nombreuses et un circuit “secondaire” (Merit Race) avec des qualifications aux points. Il y a 8 étapes qualificatives plus la finale. Mais, en raison de la crise sanitaire liée au Covid, certaines n’ont pu se tenir ces dernières années.

C’est une organisation privée comme on connaît IronMan, Xterra, Challenge ou OceanMan sur d’autres disciplines. Il s’agit du Championnat du Monde sous le label Ötillö mais d'autres labels peuvent apparaître et attribuer aussi des titres qui n’engagent qu’eux. 

La discipline n’est pas encore “reconnue” par World Triathlon ou l’ETU, elle n’est d’ailleurs pas intégrée dans la plupart des fédérations nationales.

Néanmoins, Ötillö reste aujourd’hui la référence ; c’est l'inventeur du swimrun, il symbolise toujours l'âme de la discipline, c’est le circuit international le plus suivi... et c’est surtout là où les meilleurs athlètes mondiaux se confrontent.

 

Comment a été déterminé la sélection pour ces championnats du monde ?

Thibault Lallemand : Cette sélection d’athlètes nous représentera sur la finale Ötillö mais aussi sur les prochaines échéances jusqu’au championnat de France.

Au départ, nous voulions présenter 3 binômes, quelle que soit la catégorie. 

Après échange avec le groupe d’athlètes, nous avons préféré sélectionner au maximum 10 athlètes afin de ne pas écarter de la sélection des athlètes qui font référence et qui s’étaient déjà engagés auparavant avec un binôme étranger. C'est une largesse que nous nous sommes accordées pour cette première sélection.

Nous nous sommes donc fixés des critères et nous avons regardé qui y répondait et surtout qui y répondait le mieux. Il y a tout d’abord des critères d’éligibilité classiques tels que : être licencié F.F.TRI., être Français. Ensuite? Il y a les critères spécifiques tels que être qualifié pour la finale Ötillö et avoir des performances régulières avec ce même binôme. 

Il y a ensuite les critères liés à l’évaluation de la performance ; là, nous avons observé une vingtaine de courses (World Series Ötillö, SwimrunMan, Championnat de France…) sur lesquelles nous avons évalué les athlètes et créé un ranking. Plus de 50 athlètes sont ainsi passés au crible. L’ambition ensuite est de conserver les athlètes susceptibles de rivaliser avec les tous meilleurs mondiaux et/ou de prétendre au podium. Le nombre de 10 était un maximum. Si nous avions estimé que seulement 6 ou 8 répondaient aux critères, il n’y en aurait pas eu plus. Il était donc possible qu’une catégorie ne soit pas représentée.

 

Quelles seront les ambitions de la délégation tricolore ? Qui seront les principaux rivaux des Français ?

La finale ötillö est une épreuve bien spéciale, longue, difficile où les aspects techniques et environnementaux jouent un rôle prépondérant. Le vent, les courants, la météo, l’orientation aussi, l’agilité sur des déplacements sur les rochers glissants, etc sont des paramètres cruciaux.. On l’a vu l’an passé l’an passé avec deux équipes françaises parmi les favoris et qui se font de grosses blessures en début de course.

Au-delà de ces aspects qu’on ne maîtrise pas, on peut raisonnablement prétendre aux meilleures places dans les 3 catégories. 

En catégorie masculine, Hugo Tormento et Max Andersson (SU) partent favoris avec 5 victoires de rang sur les World Series. En mixte, Matthieu Poullain et Eugénie Plane devraient aussi batailler pour le podium. Aline Tavernier et Julia Moustakir forment un binôme féminin vraiment solide et se positionnent en challenger.

Historiquement, ce sont les Suédois qui maîtrisent le terrain et… aussi les podiums. Cette année, tous les athlètes sélectionnés sont en capacité de faire un Top 5 mais encore une fois… l’issue d’une course n’est jamais jouée d’avance, encore moins celle-ci.

 

Peux-tu me décrire le parcours qui sera proposé aux concurrents ? 

Décrire le parcours prendrait du temps mais c’est vraiment une alternance de sections courtes, parfois très courtes (quelques dizaines de mètres) et longues jusqu’à 17 km à pied et 1,7km de natation dans des eaux parfois très agitées et avec des courants latéraux. 65 km à pied et 10 km de natation en 23 sections de nage et 24 de course. Il y a peu de dénivelé mais le terrain est très technique et les conditions météo peuvent transformer l’épreuve. C’est vraiment très éprouvant.

 

A quel matériel auront droit les concurrents ?

Le matériel autorisé est assez libre bien que réglementé. Après quelques années d’expérimentations, parfois un peu farfelues, l’équipement s’est stabilisé autour du Pull-buoy + plaquettes. Chacun évalue en fonction de son confort et de ses performances la taille et le modèle des plaquettes, des chaussures, du Pull-Buoy et de la combinaison.

 

 

LES ATHLÈTES QUI REPRÉSENTERONT LA FRANCE SUR CE CHAMPIONNAT DU MONDE

 

10 athlètes ont été sélectionnés pour représenter la France à travers la FFTRI sur les prochaines échéances et notamment la finale Ötillö du 5 septembre prochain.

 

Fabien Besançon-Pierre Massonneau

Benjamin Dupain-David Pesquet

Aline Tavernier-Julia Moustakir

Eugénie Plane-Matthieu Poullain

Guillaume Heneman

Hugo Tormento

 

 

 

INTERVIEW DU TANDEM EUGÉNIE PLANE-MATTHIEU POULAIN

Eugénie Plane, 29 ans, j’habite Montpellier et je suis au club de Montpellier triathlon depuis 10 ans.

Matthieu Poullain, 29 ans, j’habite Montpellier et je suis au club de Montpellier Triathlon depuis 10 ans aussi.

 

Depuis quand pratiquez vous le triple effort ?

 

EP : Je fais du triathlon depuis 10 ans.

MP : Pour ma part, je suis dans ma 22e saison de triathlon.

 

 

Qu’aimez-vous dans le Swimrun ? Comment êtes-vous venu(e)s à cette discipline ?

 

EP + MP : Nous avons commencé ensemble fin 2018 sur le Swimrun de la Grande Motte parce que c’était à côté de chez nous et qu’on avait envie de tester quelque chose de nouveau en fin de saison. Ce que nous apprécions c’est de pouvoir partager un effort commun, de se pousser mutuellement dans l’effort. Le Swimrun étant pratiqué en pleine nature, il nous donne, en plus, la chance de découvrir de magnifiques paysages.

 

Depuis quand votre binôme est-il constitué ?

 

Nous courons ensemble depuis 2018 mais nous avons couru avec différents partenaires.

 

Quelles sont les qualités de chacun(e) ? Êtes-vous complémentaires ?

 

EP : Matthieu est un bon nageur en eau libre et s’oriente très bien dans l’eau, ce qui constitue notre principal atout en course.

MP : Eugénie est une bonne coureuse et surtout elle ne lâche jamais rien, elle est résistante. Une fois la course lancée, c’est une guerrière et je pense que c’est nécessaire pour un sport comme le Swimrun où nous faisons souvent face à beaucoup d’aléas durant la course.

 

Vous entraînez-vous ensemble ?

 

Nous partageons la plupart de nos entraînements mais, évidemment, à des allures différentes.

 

Avez-vous participé à de nombreuses compétitions du circuit ÖTILLÖ ? Qu’appréciez-vous dans les épreuves de ce circuit ?

 

EP : J’ai finalement peu de courses à mon actif puisque jusqu’à présent je faisais surtout du triathlon. Les courses Ötillö ont la particularité d’être toujours organisées dans des lieux incroyables.

MP : Clairement? depuis que je participe aux épreuves du circuit Ötillö, j’ai visité des endroits magnifiques que je n’aurais certainement jamais découvert autrement (Scilly, Hvar…). Ce que j’aime également sur ces épreuves c’est qu’elles nous permettent chaque fois de repousser nos limites. Je pense avoir une dizaine d’étapes à mon actif actuellement.

 

Est-ce votre première participation au championnat du monde ? Quelles seront vos ambitions pour cette édition 2022 ?

 

EP : C’est ma première participation. Honnêtement, je ne sais pas si je suis capable de faire 75km puisque je ne l’ai jamais fait, d’autant que le terrain suédois est très particulier donc j’aimerais déjà réussir à finir la course.

MP : Ce sera ma deuxième participation après ma troisième place l’année dernière avec Hugo. Pour cette année, j’espère que nous pourrons être acteur de la course et jouer aux avant-postes le plus longtemps possible. Nous savons que la concurrence est relevée cette année en mixte avec dans la plupart des équipes d’anciens champions du monde chez les hommes, les femmes ou les tandems mixte, je ne m’avancerai donc pas sur un résultat précis.

 

Que pensez-vous des parcours qui vous seront proposés ?

 

EP : Comme je l’ai dit précédemment, le parcours suédois est particulier, très technique avec beaucoup de Single Tracks en forêt et de rochers potentiellement glissants ce qui n’est en rien comparable à ce qu’on peut trouver en France. Forcément, ça fait peur… 

MP : l’archipel suédoise est superbe, c’est un terrain idéal pour la pratique du Swimrun. Concernant le parcours, c’est très spécifique avec des passages techniques, des rochers glissants et une eau assez froide.

 

INTERVIEW DU TANDEM FABIEN BESANÇON-PIERRE MASSONNEAU (photo ci-dessous)

 

Fabien Besançon, 37 ans, Saint Fargeau-Ponthierry (Seine et Marne), 1 enfant

Pierre Massonneau, 39 ans, Châtellerault, 3 enfants. 

Notre club : Les Lions Châtelleraudais

 

Depuis quand pratiquez-vous le triple effort ?

Pierre Massonneau : Nous sommes triathlètes Longue Distance depuis 2012 pour moi et 2015 pour Fabien, membres du team Argon 18 France. Nous avons couru notre premier Swimrun ensemble en 2019.

 

Qu’aimez-vous dans le Swimrun ? Comment êtes-vous venu(e)s à cette discipline ?

Pierre Massonneau : Je suis l'entraîneur de Fabien. Relativement homogènes en termes de niveau en natation et course à pied, nous avons voulu essayer le Swimrun en 2019, au milieu de notre saison de triathlon. Nous avons tout de suite aimé l'effort, le côté "équipe", la plus grande liberté de pratique (ici, il n'y a pas à se prendre la tête avec les distances à respecter entre les concurrents, les lignes à ne pas dépasser, les dossards à attacher en 3 points, ou encore le rangement de son matériel dans une caisse). 

Les courses ont toujours lieu dans des endroits magnifiques, et les repères chronométriques ont beaucoup moins de sens. Comme il faut être à l'écoute de l'autre, c'est un réel travail d'équipe, et il y a une bonne part de stratégie. Chaque course est différente. Je dirai qu'il y a plus d'incertitudes.

 

Quelles sont les qualités de chacun(e) ? Êtes-vous complémentaires ?

Pierre Massonneau : Nous sommes homogènes sportivement parlant. Nous avons une routine : Fabien devant en natation (il a une meilleure vue) et moi devant en course à pied. Nous sommes interchangeables à tout moment et l'un comme l'autre passons devant quand l'autre a besoin de souffler.

Nous sommes complémentaires. Nous avons des attitudes bien différentes, c'est un peu le feu et la glace; l’un extériorise beaucoup quand l'autre calme le jeu. Ceux qui nous connaissent savent qui est qui. On a compris avec le temps et les courses comment fonctionnait l'autre et je crois qu'on sait désormais réagir/ agir en fonction des attitudes de l'autre.

 

Vous entraînez-vous ensemble ?

Pierre Massonneau : Trop rarement ! Nous habitons trop loin l'un de l'autre. Cette année, nous avons pu faire une semaine de stage ensemble en avril à Argelès mais c'est tout...

 

Avez-vous participé à de nombreuses compétitions du circuit ÖTILLÖ ? Qu’appréciez-vous dans les épreuves de ce circuit ?

Pierre Massonneau : Nous n'avons que 3 courses ÖTILLÖ derrière nous (Engadin 2020 et 2021 et la finale Otillo en 2021). Sur les épreuves OTILLO, nous venons chercher :

- une organisation sacrément rodée

- des parcours et des lieux hors du commun

- de la densité. On se confronte aux meilleurs et on apprend beaucoup sur ce genre de course.

 

Est-ce votre première participation au championnat du monde ? Quelles seront vos ambitions pour cette édition 2022 ?

Pierre Massonneau : Nous avons participé aux Championnats du monde en 2021, une première pour nous. Nous avions terminé 14e au scratch et 9e équipe masculine. C'était tout simplement extraordinaire et dans le même temps très difficile. Nous avions été en grande difficulté sur le début de course, où techniquement, nous étions vraiment très loin des autres.

Notre ambition? Avant tout prendre du plaisir, rester le binôme que l'on est. Terminer la course sans bobos et si possible améliorer notre temps de 2021 (8h49) et notre classement.

 

Que pensez-vous des parcours qui vous seront proposés ?

Pierre Massonneau : Sur la finale, connaître les parcours est un vrai avantage mais le plus gros avantage est de pouvoir s'entraîner sur celui-ci. On voyait bien que les Suédois étaient bien plus agiles que nous. Si la météo est clémente, je crois également que les parcours seront moins glissants. Mais ça reste de l'aventure plus que de la course à pied par moments...

 

 

Plus d’infos sur le Swimrun : https://swimrunfrance.fr/