10 septembre 2025

INTERVIEW DU CHAMPION DU MONDE DE DUATHLON LD, BAPTISTE DOMANICO

Photos : World Triathlon

 

Le 7 septembre, Baptiste Domanico est devenu champion du monde de Duathlon Longue Distance à Zofingen. Nous vous proposons d’en savoir davantage sur le sociétaire du Tri Val de Gray dans l’interview qui suit.

 

Peux-tu te présenter en quelques mots

J'ai 34 ans, je vis à Belfort et je suis licencié au Tri Val de Gray.

Depuis quand pratiques-tu le Duathlon ? Comment es-tu venu à ce sport ? Quel était ton sport d'origine ?

A l'origine, je suis cycliste de haut niveau (2011 à 2018). Je suis devenu ensuite entraîneur en club de Triathlon. J’ai presque découvert ce sport par hasard en étant embauché au club du Trilion Belfort pour développer l'axe vélo course à pied. Je n’avais ni connaissance ni même pratique de la natation.

J'ai pris part à mon premier triathlon en 2018 pour le fun. J'ai pris goût à la discipline et au plaisir de passer mon temps à remonter une fois sorti de l'eau. 

J'ai découvert le Duathlon avec l’épreuve de l’Alpe d'Huez. J’ai obtenu un premier podium en 2019 face à des pointures. Je me suis alors dit : “lance toi la dedans, il y a quelque chose à faire”. 

En parallèle, j’ai obtenu quelques gros résultats en trail (17e des championnats de France), en Triathlon Longue Distance (10e à l'Alpe d'Huez) et des victoires régionales en triathlon et en cyclisme où j'avais repris une licence.

Avant ce titre, quels étaient tes principaux titres de gloire en Duathlon ?

En Duathlon, depuis 2019, j'ai terminé 4 fois sur le podium à l'Alpe d'Huez, j’ai été Champion de France en Longue Distance l'an dernier (je regrette que ce championnat  n'existe plus), j’ai pris la 5e place des mondiaux Longue Distance en 2022 (7e en 2024) et la 6e place cette année sur la Moyenne Distance à Alsdorf.

Tu avais déjà participé à deux reprises à ce championnat du monde (5e en 2022 et 7e en 2024). Avais-tu été satisfait par ces performances ? 

Pour mes 2 autres participations au mondial, j’ai 2 sentiments différents. Super heureux en 2022 car terminer 5e pour un 1er mondial c'était inespéré. De plus, c’est mon copain Matthieu Bourgeois qui gagnait ce jour-là ! 

L'année passée, j’ai plutôt éprouvé de la déception d'être passé à côté. Une seconde course à pied frustrante, marquée par des soucis digestifs, m’a empêché de pouvoir donner le meilleur.

Quel était ton objectif avant la course ? Qui craignais-tu le plus ?

Cette année, j'ai eu la chance d'avoir des sponsors qui m'ont permis de m'aider à acheter un vélo au top de la performance. Une étude posturale poussée, un casque, des chaussettes et des manchons aéro ainsi qu’une nutrition stricte m’ont également beaucoup aidé à franchir un nouveau cap. 

J'étais serein après les datas à l'entraînement et les résultats tout au long de l'année. Je battais record sur record, en puissance sur le vélo et en allure à pied. J'avais surtout peur d'avoir des soucis gastriques à pied. J’avais aussi la hantise d'avoir une crevaison ou de connaître un souci mécanique sur le vélo.

Ta course s'est-elle passée comme dans un rêve ? Peux-tu nous raconter brièvement comment cela s'est passé dans chacune des disciplines ? A quel moment as-tu su que la victoire était dans la poche ? 

Franchement, comme pour tous mes objectifs cette année, tout s'est déroulé à la perfection. Ce fut une bonne journée avec des conditions qui me convenaient bien, avec notamment de la chaleur. 

Dès la 1re course à pied, j’ai suivi des coureurs censés être plus rapides que moi, en tout cas avec des chronos référencés supérieurs aux miens. À vélo, après la crevaison d 'Émile Blondel Hermant qui était probablement mon plus grand adversaire, je me suis retrouvé à mener très vite le bal. La stratégie était simple. Étant plutôt grimpeur et aimant les à coups, contrairement à la plupart des duathlètes triathlètes, mon objectif était de rouler fort dans toutes les bosses. 

Nous étions six en tête à la fin de la première course à pied. J'ai fait plier rapidement les 2 Belges. Tactique risquée car le danger était de me griller aussi mais je me devais d'user un maximum tout le monde avant la 2e course à pied, discipline ou je suis un poil moins serein. 

Le Suisse a été distancé également dans le 2ème tour, l'Allemand Fabian Holbach est resté longtemps très proche en recollant à chaque fois sur le plat. Finalement j'ai pu le faire plier aussi dans la grande bosse du dernier tour (km 120). J'ai terminé le vélo un peu en dedans pour penser à la suite. 

La course à pied s'est déroulée sans accroc. Régulier, pas transcendant mais jamais en grande difficulté non plus. J'ai juste eu très peur à la fin du 1er tour (4 boucles de 6,5 km) car le Danois Plambaek est passé en deuxième position et m’a repris plus d’1’15.

Il est revenu à 2’15 de moi, sachant que je ne l'avais pas vu depuis le départ. J'ai eu très peur de son retour. Mais ensuite, j'ai maintenu l'écart au second tour et même repris un peu de temps sur la seconde partie de course. 

J'y ai cru réellement avant la descente du 3e tour (10 km de la fin), car hormis un événement cruel comme une crampe, je sentais que rien n'allait m'arriver. Je mangeais bien et buvais bien sans flancher dans mes allures.

Que représente pour toi cette victoire ? 

Cette victoire est comme un rêve, un aboutissement d'une carrière. Et aussi la récompense d'un acharnement au quotidien, où j'arrive à cumuler des semaines entre 20 et 30h tout en ayant mon travail de coach à mon compte, une vie de famille avec un petit Nino de 2 ans et demi. Des sacrifices qui ont payé au plus haut niveau ! Et aussi le bonheur de voir la fierté de mes jeunes cyclistes de l'Avenir cycliste du territoire de Belfort ! Elle est dédiée à ma femme, à tous ceux qui m'ont soutenu dans les bons moments et surtout dans les moments très difficiles avec des doutes, du manque d'envie de s'accrocher tant notre sport est dur, avec un manque de médiatisation et de récompenses.

Quels seront tes prochains objectifs ?

Pour l'instant j’ai surtout envie de me faire plaisir en trail et sur les petites courses locales en fin de saison. 

En 2026, je ne me vois pas ne pas postuler à une nouvelle participation aux Mondiaux de Duathlon. Aussi bien sur Moyenne Distance que sur Longue distance... Sur Courte Distance, je n'ai pas encore ma place. Je suis trop lent en course à pied sur une distance et un format de course avec drafting qui favorisent les coureurs à pied. 

J'aimerais aussi me fixer un objectif sur un gros événement en Triathlon où la natation est moins prépondérante. J’ai l'Embrunman dans un coin de ma tête. Louis Richard, le lauréat de l’édition 2025, m'inspire et me redonne des espoirs sur ces formats-là !