Photos : Pagaies en Seine
Dans le cadre de la semaine des métiers du sport du ministère des sports, la Fédération Française de Triathlon met en lumière les acteurs qui œuvrent chaque jour au développement de nos clubs. Découvrez le portrait de Théo Tanésie, éducateur socio-sportif au sein du club de Pagaies en Seine.
Je m’appelle Théo Tanaisie, j’ai 20 ans, je suis éducateur socio-sportif (ESS) depuis 3 ans au sein du club de Pagaies en Seine, près de Rouen.
Je suis pratiquant de football en club et de course à pied sur mon temps libre.
Le club est situé sur une base sports de nature classée Natura 2000. C’est un ancien club de canoë-kayak qui s’est développé sur les activités terrestres. Il est désormais affilié à la FFCK qui reste le cœur de l’activité, la Fédération Nationale du Sport en Milieu Rural et la FFTRI sur l’activité raid. En 2026, il y aura 3 salariés en CDI (un responsable de la base et 2 encadrants) et 1 BPJEPS en alternance.
J’étais déjà encadrant au club avant de devenir éducateur socio-sportif. Le club a souhaité diversifier les activités de la base, s’ouvrir à de nouveaux publics (handicap, emploi, intégration, sport santé, jeunes sous main de justice, etc.) et proposer un volet commercial (anniversaire, journée d’intégration, EVJF/EVG), développement du côté commercial).
Le club menait déjà des actions d’inclusion avec les missions locales et la CADA de Rouen (Centre d'Accueil pour Demandeurs d'Asile) avant l’emploi socio-sport.
Son parcours
J’ai eu un bac professionnel “Métiers de la sécurité” et j’étais pompier volontaire. Puis j’ai eu un BPJEPS APT (activités physiques pour tous) que j’ai fait en alternance au sein du club de Pagaies en Seine. J’ai ensuite passé le CQP Tir à l’arc, le BF2 Raid de la FFTRI et une certification complémentaire Accompagnement et Inclusion des Personnes en Situation de Handicap (AIPSH).
Je suis en CDI au club désormais grâce à l’aide à l’emploi socio-sport de l’ANS. Je suis actuellement en formation certifiante “Coach d’insertion par le sport” de l’APELS, qui se termine fin 2025.
Avec la formation, je découvre des outils et des méthodes pour structurer mon travail et adapter les séances aux publics. Même si j’avais déjà une méthode d’encadrement, je peux partager cela en formation avec les autres stagiaires de la formation issus d’autres disciplines sportives.
Rôle d'un éducateur socio-sportif par rapport à un éducateur sportif “classique”
Mot clé de l’ESS : la découverte du volet éducatif de l’éducateur !
Mon rôle est de transmettre mes connaissances aux autres.
Le plus gratifiant dans mon métier est que les pratiquants s’épanouissent dans les activités que je propose. Le succès des autres apporte mon succès à moi !
Un éducateur reçoit le public (en général licenciés) et fait la séance. L’ESS est en contact avec des personnes qui ont besoin d’accompagnement renforcé et doit créer du lien. L’ESS propose une séance adaptée à un public spécifique. Ce n’est pas juste de la consommation de sport, elles ont un autre objectif / besoin personnel (ex : insertion sociale, professionnelle, etc.). Le volet éducateur vient en deuxième, le sport est en effet un outil pour obtenir leur propre objectif.
Principales missions de Théo
Mes missions en tant qu’éducateur socio-sportif sont diverses.
Je fais des propositions de nouveaux projets au Président. Une fois validé, je gère de A à Z le projet, en collaboration avec mes collègues. Je rencontre des structures pour bien connaître leur besoin et les caractéristiques des publics, etc. À côté de cela, je recherche des entreprises partenaires adaptées à mon projet, et à celui des publics accompagnés.
Je veille également aux appels à projets et réponds aux demandes de financements. Je suis en appui sur certains projets avec mes collègues.
Enfin, je mets en place un parcours d’accompagnement adapté au public du début à la fin, en lien avec leur conseiller. Je fais des retours très réguliers avec leur conseiller de leur structure (France Travail, mission locale ou CADA) pour leur partager leur évolution et voir comment les accompagner sur leur objectif. Pour ce faire, j’anime des groupes whatsapp et je peux, par exemple, faire une lecture attentive et critique de leur CV, les conseiller sur leur tenue pour un entretien, etc.
Publics accompagnés et objectifs visés
En 2025, j’ai accompagné trois types de publics :
• 15 demandeurs d’emploi de France Travail : organisation d’un parcours d’accompagnement de 6 à 10 séances en fonction des disponibilités de 1 à 2 fois par semaine, pour préparer, en juin à l’opération de France Travail “Du Stade Vers l’Emploi” (DSVE), que le club a organisé. Sur le même principe que cette opération qui veut mélanger anonymement des demandeurs d’emploi et des recruteurs autour d’une pratique sportive, j’ai essayé de faire venir les employeurs pendant certaines séances, sans que les autres sachent qu’il s’agit d’une entreprise. A l’issue du DSVE, 60% des demandeurs d’emploi sont repartis avec un rendez-vous professionnel, une période d’essai, un stage ou un emploi.
• 20 jeunes de la mission locale : rencontre des jeunes au sein de la mission locale en amont et proposition d’un parcours d’accompagnement sur le même principe que les demandeurs d’emploi. Chaque séance travaillée leur permet de mettre en avant leurs compétences sociales (soft skills) : leadership, travail d’équipe, cohésion, peur, etc.
• Publics réfugiés (peuvent travailler en France) et demandeurs d’asile (ne peuvent pas travailler en France) venant de deux Centres d'Accueil pour Demandeurs d'Asile (CADA) différents : cycle de 6 séances avec un raid à la fin. La plupart des personnes parlant anglais, il est facile d’échanger avec eux.
Pour chaque projet, il s’agit de se mettre en lien avec un partenaire existant ou de se faire connaître auprès d’eux. En amont de la mise en place des cycles d’accompagnement, je réalise des entretiens avec leurs conseillers puis assure des échanges après chaque séance pour leur faire un bilan global et individualisé.
L’objectif n’est pas que les publics prennent une licence mais que le sport soit un outil d’accompagnement vers leur objectif personnel. Le plaisir est avant tout recherché !
Le raid, un outil pertinent pour l'insertion ou le développement social
Chaque activité fait ressortir une ou plusieurs qualité/compétence chez le pratiquant (dépassement de soi, relation aux autres, rapport à l’objectif personnel) et de manière générale, le respect des consignes. Le sport permet de révéler le vrai visage des personnes.
Par exemple, l’escalade, les pratiquants vont chercher le dépassement de soi. Le mur est comme un moment vécu en entreprise : vais-je y arriver, comment vais-je faire pour atteindre mon objectif, vais-je aider mes coéquipiers, etc. Si la personne ne veut pas monter car elle a peur, elle va assurer une autre personne. On est dans le travail en équipe, et la confiance aux autres.
Le tir à l’arc permet de se concentrer avant et après l’effort, de gérer ses émotions, la confiance en soi.
Qualités et compétences essentielles pour réussir dans ce métier
• La patience : les résultats sur les personnes apparaissent au fur et à mesure, il ne faut pas les brusquer, il faut créer un lien de confiance entre eux et moi. En général ce sont des publics vulnérables, on est là pour leur bien.
• La détermination qui va se ressentir sur le public et la volonté de les accompagner jusqu’à leur objectif personnel.
• La confiance : sur la plus value qu'on leur apporte.
Défis ou difficultés rencontrés
La fidélisation du groupe (publics) n’est pas toujours évidente, mais est indispensable. Parfois certains ne viennent pas à toutes les séances, il ne faut pas que cela ait un effet inverse sur le groupe.
Sur la thématique de l’emploi, les entreprises peuvent parfois être réticentes de prime abord. En effet, elles n’ont pas la même vision du sport. Les grandes entreprises, notamment, ont des difficultés à venir au début, mais une fois touchées, elles sont fidélisées et sont heureuses de proposer des solutions d’emploi au sein de leur réseau.
Enfin, mon âge peut constituer une difficulté lors de mon premier contact avec des directeurs d’agence France Travail, des responsables d’entreprise, mais aussi auprès des divers publics. Mais lorsqu’ils contactent que je maîtrise mon sujet et que je suis là pour les aider dans leur parcours, la relation se crée.
Comment voyez-vous l'évolution de ce métier d'éducateur socio-sportif au sein du réseau de la FFTRI dans les années à venir ?
Ce métier ne peut apporter que du positif à l’association : mettre en avant ses valeurs, son projet, et être un acteur de son territoire, en lien avec les partenaires.
Il y aura toujours du travail dans ce domaine, ainsi que des gens et des structures dans le besoin. Il y a pas mal de financement sur ce sujet (appel à projets, financement fléché en fonction du public, etc.). Pour Pagaies en Seine, nous avons eu l’aide ANS pour l’emploi socio-sportif et un financement de l’appel à projets Impacts 2024.
Je suis très content d'occuper ce poste. Cela va perdurer dans le temps avec toujours plus de réussite et de nouveaux outils qui vont être mis en place pour nous aider sur ce métier.
Pour 2026, les trois actions seront renouvelées. J’ai aussi la volonté d’oeuvrer dans les quartiers politique de la ville puis d'être en lien avec l’IDEFHI (Institut Départemental de l'Enfance, de la Famille et du Handicap pour l'Insertion) pour les jeunes femmes issu du monde de la prostitution.
Plus d’informations : mcrouzat@fftri.com

























