
LE GROUPE D’ÂGE DU MOIS : JEAN-PIERRE LARRUE, TOUJOURS PLEIN DE RÊVES À 77 ANS
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Le 30 août dernier lors du Championnat d’Europe de Triathlon Groupe d’âges à Istanbul, Jean-Pierre Larrue a décroché la médaille d’argent dans la catégorie 75-79 ans. L’occasion était belle d’en savoir plus sur cet ancien commissaire divisionnaire girondin qui fait partie des pionniers du Triathlon. Interview.
Pourriez-vous vous présenter succinctement ?
Je suis né le 28 mai 1948, j'ai donc à ce jour 77 ans et 5 mois. Je suis marié et j'habite à Lanton, commune de 7500 habitants du bassin d'Arcachon, dont mon épouse est la maire. Nous avons quatre enfants et six petits enfants. La famille compte 6 triathlètes en son sein J'en suis bien entendu le doyen ! Je suis commissaire divisionnaire honoraire de la police nationale, en retraite depuis 20 ans. Je suis affilié au triathlon club d' Andernos les Bains, notre commune voisine.
Avez-vous pratiqué d'autres sports avant le Triathlon ? A quel niveau ?
Je suis un ancien professeur de judo, ceinture noire 5e dan. Dans ma jeunesse, j'ai obtenu plusieurs titres nationaux et participé à de nombreuses compétitions internationales.
Quand et comment êtes-vous venu au Triathlon ?
Je suis venu au triathlon après une légère blessure au genou contractée au judo. A l'époque, mon médecin m'avait prescrit de la natation en guise de rééducation. J'ai donc surtout appris à nager à ce moment-là. Dès lors, tout naturellement comme j'ai toujours fait et adoré le vélo pour le plaisir, j’en suis venu au triathlon. C’était il y a très très longtemps, en mai 1982. C’est un ami qui m’a fait lire un article du journal VSD qui évoquait les exploits de “l’homme de fer” Mark Allen, qui enchaînait les victoires en triathlon. Il était présenté comme favori pour une deuxième victoire sur le Triathlon de Nice. Je me suis dit que cette nouvelle discipline était peut-être faite pour moi.
Début juin 1982, j'ai donc commencé une préparation pour ce qu'on appelait à l'époque pompeusement, le championnat du monde. Il allait se dérouler début septembre, toujours à Nice. Sans expérience aucune j'ai avalé, seul , des kilomètres de natation, de vélo et de course. Le jour J, j'étais anéanti de fatigue mais j'ai quand même fini l'épreuve. Je me souviens bien sûr de la nouvelle victoire de Mark Allen, mais aussi, de la participation de Marc Toesca, animateur radio, et de l'actuel maire de Nice, Christian Estrosi qui était un champion de moto.
Par la suite, au gré des mes divers déplacements professionnels j'ai continué peu ou prou la pratique du triathlon tout en diminuant au fil des années les distances.
Avez-vous toujours pratiqué le triathlon sans discontinuer depuis vos débuts dans la discipline ? Avez-vous connu des arrêts à cause de blessures ?
J'ai eu la chance de passer au travers de graves blessures toute ma vie, ce qui m'a permis, après avoir commencé le sport le 1er décembre 1958, de le poursuivre sans interruption jusqu'à ce jour.
Vous entraînez-vous seul ou avec votre club ?
Pour la natation, je m'entraîne avec mon club et pour le vélo, je bénéficie des conseils d'un coach. Il s'agit d'un copain, un peu moins ancien que moi, qui a pratiqué le triathlon à un très bon niveau et qui participe toujours aux championnats du monde de cyclisme. Pour la course à pied, je m'entraîne seul et participe de temps en temps à quelques petites épreuves locales.
Quel est votre volume hebdomadaire actuel d'entraînement ?
Il est de l'ordre de 15 à 20 heures. J’y inclus toutefois des séances quasi journalières de renfort musculaire, de stretching et d'assouplissement.
Je précise que je dors beaucoup, presque 10 h par nuit, et qu'en plus je fais la sieste durant la journée.
Avez-vous beaucoup réduit ce volume par rapport à il y a quelques années ?
Contrairement à la logique, depuis que je performe à ce niveau, j'ai, au contraire, tendance à augmenter mes séances d'entraînement car je me sens de moins en moins fatigué ! Sûrement moins qu'à 70 ans alors que mon volume d'entraînement était moindre. Comprenne qui pourra !
Pourriez-vous me citer quelques compétitions qui vous ont marqué ?
Mon premier souvenir de compétition, mi-agréable, mi-désagréable est tout récent. Cela s'est passé à Gravelines, en juin 2024. Pour ma première participation aux Championnats de France de Triathlon, j’avais franchi la ligne en première position dans ma catégorie, mais, dix minutes après, j'étais déclassé pour ne pas m'être arrêté à la penalty zone. J'avais pris une pénalité en entrant dans la zone de vélo. Manque d'expérience ! Déçu mais content quand même.
Cette année, je suis devenu champion d’Europe de Swim Bike à Pampelune et champion de France de Triathlon Sprint à Saulxures-sur-Moselotte dans les Vosges.
Le Championnat du monde de Swim Bike à Pontevedra est également un très bon souvenir. J'ai conquis le titre de vice champion du monde de ma catégorie, battu seulement d'un demi vélo à l'arrivée mais avec le même temps que le vainqueur ( 6 heures 20 minutes 28 secondes). En fait, je chassais mon adversaire, un Italien, qui donnait des signes de faiblesse depuis plusieurs kilomètres. Il m'a manqué deux mètres pour être champion du monde, mais c'est la course : il faut un premier et un deuxième! J'étais très heureux quand même de cette performance mondiale.
Etes-vous satisfait de votre médaille d’argent à Istanbul ? Avez-vous apprécié la compétition ?
A Istanbul, j'ai subi la loi du premier, un Anglais, grand habitué, depuis des années, des podiums. C’est en natation que j’ai pêché. En effet, sorti de l'eau 2 minutes derrière lui, je n'ai pas pu intégrer, comme lui a pu le faire, le peloton des autres catégories de triathlètes. De ce fait, j'ai réalisé mon vélo sans jamais pouvoir revenir sur le peloton où se trouvait mon adversaire. Cet Anglais a eu la baraka et moi pas ! t
Avez-vous programmé la date de votre retraite sportive ?
Je n'envisage pas du tout d'arrêter ou de diminuer quoi que ce soit. Tant que la tête motive les jambes, je continuerai
D'ailleurs, je m'envole avec mon épouse, mardi 7 octobre, pour Wollongong en Australie, où je vais participer aux championnats du monde de Triathlon. Je sais que ma tâche ne sera pas facile face aux Américains, Australiens ou autres Néo-Zélandais, habitués aux podiums. Mais je suis confiant car je me suis bien entraîné, je crois beaucoup à la valeur travail, au courage et à la volonté. Je suis galvanisé parce que, seul Français dans cette catégorie, je vais représenter la France, mon pays, ma région et ma commune !
Pour l'année 2026, mon programme est déjà prêt ! Je compte effectuer les mêmes compétitions qu'en 2025 et peut-être en ajouter d'autres ! Pourquoi pas un 70.3 et le championnat de France de duathlon ? Qui vivra verra…
Avez-vous d'autres passions que le sport ?
J'en ai bien sûr. J'écris notamment mes mémoires. Je suis en train de commencer un deuxième tome après un premier qui faisait plus de 400 pages. Je lis également des ouvrages d'histoire, surtout sur l'époque napoléonienne et la résistance française, mais pas que... La géographie me passionne aussi.
J'aime aussi beaucoup la danse de salon que je pratique régulièrement avec mon épouse.
Enfin, je suis bénévole associatif dans ma commune J'ai organisé au niveau local moult compétitions sportives qui ont souvent attirées des centaines de participants. Mais aujourd'hui , vous l'avez compris, j'exerce presque un métier à plein temps avec l'entraînement quotidien que je m'impose et le repos récupérateur qui va avec !

























