4 novembre 2022

Retour sur le stage de l’équipe de France de Para Triathlon à Majorque

Photo :  @tomeuvo 

En guise de préparation pour le championnat du monde qui aura lieu à Abu Dhabi le 24 novembre, l'équipe de France de Para triathlon participe actuellement à un stage à Majorque. Responsable de cette équipe de France, Nicolas Becker nous en dit plus sur ce stage.

 

Pourquoi avez-vous choisi d'effectuer ce stage à Majorque ? Y étiez-vous déjà allés précédemment ?

 

Nicolas Becker : La saison 2022 présente un calendrier assez inhabituel avec un objectif majeur placé bien plus tardivement qu'à l'ordinaire. Traditionnellement les dernières compétitions officielles sont situées au plus tard fin septembre - début octobre avec une coupure pour les sportifs et les staffs lors des vacances de la Toussaint. La date des Championnats du monde (24 novembre) correspond plutôt à une période de reprise avec les premières semaines de la préparation foncière hivernale. Il a donc fallu s'adapter et considérer la préparation terminale pour un groupe dont la plupart habitent dans la moitié nord du pays avec une météo sans garanties fin octobre - début novembre. J'ai donc recherché un site propice en termes de conditions d'entraînement, de météo et présentant une logistique facile sans décalage horaire. Je me suis renseigné auprès de 2 collègues entraîneurs français qui ont déjà organisé des stages sur l'île. J'ai pu confirmer les informations auprès d'un paratriathlète espagnol qui habite Majorque et j'ai suivi les conseils du coach allemand de Para triathlon qui va régulièrement sur place depuis des années.

Compte tenu de l'enjeu je ne voulais rien laisser au hasard, c'est pourquoi j'ai effectué un aller-retour express au mois de juin pour rencontrer les responsables, choisir l'hôtel et contrôler les sites d'entraînement. Nous avons décidé de valider ce plan de préparation lors de la réunion bilan de mi-saison du staff Para triathlon sur la base des éléments que j'avais rapporté. 

 

Qui a participé à ce stage ? Quels étaient les critères pour prendre part à ce stage ?

 

Nicolas Becker : S'agissant du stage terminal de préparation au Championnat du monde 2022, nous avons invité uniquement les 12 sélectionnés sur cette action. Il s'agit d'une proposition de préparation discutée et partagée avec les entraîneurs personnels des sportifs concernés. Dès le début de l'année, nous avions entamé des discussions avec Thibaut Rigaudeau (PTVI), son entraîneur Bertrand Billard et son guide Cyril Viennot afin de mettre en place une stratégie individuelle s'appuyant sur un stage long en conditions de chaleur et d'humidité à l'île de Réunion. En accord avec le DTN Benjamin Maze, nous avons validé ce choix qui remplit tous les critères de réussite requis. Ils sont donc actuellement à St Paul et ils nous rejoindront directement à Dubai le 17 novembre pour faire le transfert jusqu'à Abu Dhabi avec l'équipe.

Dans la lignée des 2 séjours effectués avec l'équipe avant les Jeux de Tokyo, un stage para triathlon à La Réunion figure d'ailleurs déjà dans le rétroplanning de 3 saisons qui mène jusqu'aux Jeux de Paris 2024. Nous planifions de nous rendre sur place fin novembre - début décembre 2023.

Les athlètes présents au stage sont : Elise MARC (PTS3), Annouck CURZILLAT (PTVI) guidée par Julie MARANO, Héloïse COURVOISIER (PTVI) guidée par Anne HENRIET, Jules RIBSTEIN (PTS2), Alexis HANQUINQUANT (PTS4), Pierre-Antoine BAELE (PTS4), Antoine PEREL (PTVI) guidé par Yohan LE BERRE. Quant au staff, il est composé d'Anne GOURON (kiné), Cyrille MAZURE, Nicolas POULEAU et Nicolas BECKER Sébastien FRAYSSE est venu en milieu de stage pour intervenir en qualité d'expert sur la thématique de la natation en eau libre / triathlon

A noter la présence sur place de 3 sportifs également en préparation pour le Championnat du Monde d'Abu Dhabi : 2 Allemands (Martin Schulz* et Max Gelhaar) et 1 autrichien (Gunther Matzinger*). Ils sont accompagnés de l'entraîneur national allemand Tom Kosmehl avec lequel je suis en contact depuis début août pour ajuster nos programmes de façon à partager une bonne partie des séances. Le travail en commun se fait naturellement d'autant que ces athlètes (PTS3 et PTS5) ne sont pas concurrentiels pour les français.

* 5 médailles paralympiques, dont 4 titres à eux deux

 

A quelles infrastructures aviez-vous accès durant ce stage ? 

 

Nicolas Becker : Nous sommes logés dans un hôtel de qualité situé à 300 m de la piscine olympique en extérieur (10 lignes de 50 m) du BEST Centre Sports Mallorca, très réputé pour les stages natation et triathlon. L'équipe de triathlon olympique allemande était présente la semaine avant nous. La piscine présente une salle de musculation et un espace extérieur qui a permis de mettre en place facilement les enchaînements natation - home trainer. Il y a plusieurs plages à moins de 2 km de l'hôtel mais le site le plus propice pour nager en eau libre est à 900 m seulement avec une eau limpide mesurée à 23 degrés lors de la séance de mercredi. 

L'île de Majorque est bien connue des cyclistes car les routes sont belles, peu fréquentées hors saison et les circuits sont variés. Nous avons retenu ce côté de l'île (Colonia Sant Jordi), moins vallonné qu'au Nord pour privilégier les séances spécifiques sur le plat avant Abu Dhabi.

La piste d'athlétisme est également à 5 minutes ce qui signifie que nous pouvons tout faire à pied. 

Côté météo, il fait depuis notre arrivée entre 15 et 30 degrés avec un taux d'humidité qui ne descend pas sous les 60°.

 

 Quelle est la journée-type de stage ? Quel volume d'entraînement les athlètes ont-ils réalisé ? Tout le monde était-il en forme ?

 

Nicolas Becker : Une journée type comme aujourd'hui se résume à une séance natation le matin de 9h00 à 10h30 / 10h45, une séance course à pied de 45' à 1h en fin de matinée et une sortie vélo l'après-midi de 2h à 2h30. Bien que cela puisse sembler beaucoup, nous mettons vraiment l'accent sur la qualité des sollicitations: des phases de hautes intensités avec des plages de récupération conséquentes. Nous réalisons en priorité des séances qui collent aux spécificités du parcours d'Abu Dhabi.

Le niveau de forme des sportifs est bon et c'est logique deux semaines seulement après la World Cup d'Alanya (TUR, 15 octobre) à laquelle ils ont tous participé et qui s'est très bien passée. Nous pensons néanmoins que ce dernier gros bloc de travail était nécessaire pour activer des ressources dans de bonnes conditions et en bénéficiant de l'effet positif d'un groupe performant. La saison a été longue, qui plus est seulement 1 an après les Jeux à Tokyo. 

 

 Quel bilan fais-tu du stage ?

 

Nicolas Becker : On peut déjà dire que le bilan du stage est favorable car l'ensemble des sportifs et des staffs valide un retour ici l'année prochaine. Nous pouvons mettre en place toutes les situations souhaitées, sans rencontrer de difficultés. Le groupe vit bien, nous construisons la suite (car Abu Dhabi n'est qu'une étape sur la route qui mène aux Jeux de Paris 2024) en mettant en place des protocoles et des habitudes de travail qui serviront de points d'appui pour les actions à venir. Je remercie au passage l'ensemble des collègues et des entraîneurs qui œuvrent et s'investissent à mes côtés pour faire avancer le projet de performance du para triathlon français.

La réussite du stage tiendra en grande partie dans la bonne gestion des 10 jours qui séparent notre retour en France du départ aux Emirats. Il faudra savoir récupérer pour arriver avec le plein d'envie, d'énergie et de fraîcheur au moment de monter dans l'avion le 17 novembre.

 

Es-tu confiant à trois semaines du championnat du monde d'Abu Dhabi ? Quels seront les objectifs de la délégation française ?

 

Nicolas Becker : Oui je suis confiant car les voyants sont au vert et l'équipe sait gérer les grands évènements. La délégation a des ambitions légitimes avec pour commencer la confirmation attendue des titres mondiaux pour Elise Marc, Jules Ribstein et Alexis Hanquinquant. Rien n'est acquis d'avance, il fera chaud et il ne faudra pas faire d'erreurs car la concurrence cherche forcément à les déloger.

Bien qu'il s'agisse de leur premier Championnat du monde, Pierre-Antoine Baele et le duo Thibaut Rigaudeau / Cyril Viennot sont déterminés à aller chercher le podium. Je m'attends aussi à de bonnes surprises venant des 3 autres duos tandems engagés : Annouck Curzillat / Julie Marano, Héloïse Courvoisier / Anne Henriet et Antoine Perel / Yohan Le Berre car ils montent en puissance au fil de la saison.

L'objectif pour chaque membre de cette équipe est d'exprimer pleinement son potentiel lors d'une épreuve majeure avec un contexte concurrentiel bien supérieur au reste de la saison, sans se faire piéger par le parcours ou les conditions environnementales. Le para triathlon est un "one shot event" avec simplement 11 podiums aux Jeux de Paris (3 de plus que pour Tokyo 2020). Il faut être au top le jour J, on ne peut pas se rattraper sur une seconde épreuve ou lors d'un relais.

Le fait de dépasser le record de médailles établi à Lausanne en 2019 (3 titres) sera une conséquence logique conditionnée par l'atteinte de l'objectif de départ.

 

Nous aurons une bonne semaine sur place pour faciliter l'acclimatation et pour s'adapter au rythme local. Certains sportifs anticipent en suivant un protocole de TTR (Thermo Training Room) qui a déjà commencé avant Majorque et qui va se poursuivre jusqu'au départ.

 

Petit bonus :

On le savait depuis quelques mois mais World Triathlon l'a annoncé très tardivement, une épreuve de para triathlon mixed relay open sera organisée 2 jours après la course individuelle sur un format ultra court et spectaculaire. Les équipes doivent être composées de 2 relais femmes et 2 relais hommes... et bien entendu les français seront de la partie ! Le but est de valider la formule et le concept avant de décerner un titre mondial dès 2023 ou 2024 puis de faire ajouter ce "medal event" au programme des Jeux Paralympiques de Los Angeles en 2028.

#roadtoLA28