16 décembre 2021

Beau succès du stage paratriathlon à Cannes

Les 5 et 6 décembre, la Direction Technique Nationale a organisé un stage de détection paratriathlon à Cannes. Qui a participé à ce rassemblement ?  Quels étaient les objectifs ? Quels ont été les enseignements de ce stage ? Les réponses se trouvent dans l’interview du conseiller technique national et entraîneur National Relève paratriathlon, Philippe Fattori, et dans les témoignages de deux athlètes, Léa Xavier et Maxime Gayet qui suivent.

Photo : il_bardella

Comment avez-vous recruté les paratriathlètes qui ont participé à ce stage ?

Philippe Fattori : Il s'agit d'une action qui a lieu désormais tous les ans depuis 2016. A une ou deux exceptions près, elle se déroule toujours à Cannes et à la même date. Elle est désormais bien installée dans le calendrier. Nous avons effectué une communication adaptée pour attirer le maximum d’athlètes. Les très bons résultats de l’équipe de France de paratriathlon sur la scène internationale ont également contribué à la belle réussite de l’opération. Les candidatures sont de plus en nombreuses et orientées vers des projets de performance. 

Quel était le niveau de pratique d'ensemble des stagiaires ? Y avait-t-il beaucoup  de débutants parmi eux ? 

Philippe Fattori : 25 athlètes ont participé à ce stage : 5 en fauteuil, 6 déficients visuels et 9 des diverses catégories PTS. Le niveau restait hétérogène mais de moins en moins qu'auparavant. Cette action, qui, au départ, poursuivait un double objectif (développement de la discipline et recherche de talents pour les futurs équipes de France) tendra dans les années à venir à progressivement délaisser le premier au profit du second. 

Quels étaient les objectifs de ce stage ?

Philippe Fattori : Ils étaient divers : 

- Détecter de nouveaux talents,

- Évaluer le niveau et la progression de certains athlètes déjà connus et qui sont suivis et accompagnés (Paul LLoveras, Héloïse Courvoisier),

- Informer sur la construction d'un projet de performance

- Permettre aux athlètes de partager des expériences

- Classifier : par le biais de différents tests, il s’agit de déterminer la catégorie dans laquelle va se retrouver l’athlète. Il s’agit d’une étape importante dans le projet d'un paratriathlète qui s'oriente vers un projet de performance. Est-il éligible dans une catégorie de handicap de World Triathlon et des Jeux Paralympiques ? La réponse peut faire évoluer le projet sportif de l’athlète. 

A quelles infrastructures avez-vous eu accès durant ce stage ?

Philippe Fattori :  Elles étaient multiples et de qualité :

- la piscine en plein air avec un bassin de 50 m de Cannes

- un vélodrome qui dispose d’une piste pas très inclinée 

- une piste d'athlétisme

Comme nous venons régulièrement sur ce site, nous disposons d’une base de données existante qui nous permet d’avoir des points de comparaison. 

Nous prêtons également du matériel et mettons à disposition des guides. 

Quel programme aviez-vous concocté aux athlètes ?

Philippe Fattori : Tout d’abord, nous leur avons demandé d’effectuer des tests dans les 3 disciplines (400 m de natation, 10 km à vélo et 3 km de course à pied). Nous avons également organisé de nombreuses réunions d’information et d’échanges. Des conseils techniques en tout genre ont été aussi prodigués aux athlètes, notamment de la part de l’expert fauteuil et handbike, Joël Jeannot.

Quel bilan fais-tu de ce stage ?  As-tu repéré des athlètes à fort potentiel ? As-tu découvert des athlètes dans les catégories où il y a peu de Français ?

Philippe Fattori : Le bilan est très positif ! Tout le monde est reparti enchanté et motivé pour poursuivre ou se lancer dans son projet (cf. deux témoignages ci-dessous). Les athlètes présents étaient clairement plus jeunes et d’un niveau globalement supérieur. 

Effectivement, nous avons des athlètes à fort potentiel même si nous manquons encore d’effectif, notamment dans les catégories debout (PTS). Nous avons bien une championne du monde, Elise Marc chez les PTS3 mais malheureusement sa catégorie ne sera une nouvelle fois pas représentée aux JO de Paris en 2024.

Les athlètes présents étaient clairement plus jeunes et d'un niveau globalement supérieur qu’à l’accoutumée.

De quelle façon allez-vous suivre les athlètes qui ont participé à ce stage ?

Philippe Fattori : Nous avons programmé un stage Relève, toujours à Cannes, début janvier. 

TÉMOIGNAGE D'ATHLÈTES

Léa Xavier  “ J’ai 25 ans. J’habite tout près de Montpellier dans l’Hérault. Après un master 1 acquis à la Réunion, je travaille actuellement comme chargé de communication dans une association, Planète Handisport. Je me suis mise au sport très jeune, à l’âge de 5 ans. J’ai opté pour la natation. J’ai vite progressé dans cette discipline pour atteindre le haut niveau. Malheureusement, un accident de la route en octobre 2014 a stoppé net ma trajectoire. Il m’a rendu paraplégique. Après une période d’abattement, je me suis remise à la natation. Mais j’ai eu très vite une envie de changement. Après avoir goûté à l’athlétisme, j’ai découvert le paratriathlon grâce à un ami il y a trois mois. Actuellement, je m’entraîne surtout au feeling. Pour le moment, je ne dispose pas du matériel adéquat. Pour le stage de détection, j’ai dû me faire prêter un fauteuil d’entraînement. Ce stage m’a été très profitable. Il m’a permis de découvrir ce monde que je ne connaissais pas bien. Les échanges avec les autres athlètes m’ont été très profitables. Ma motivation s’en est trouvée décuplée. Je me sens prête à m’impliquer à fond dans cette discipline. Pour cela, je dois trouver une structure et planifier au mieux mes entraînements. Je suis dans la catégorie PTWC H1. ”

Maxime Gayet  (photo d'ouverture) : “ J’ai 20 ans.  Après avoir vécu de nombreuses années à Tahiti, je me suis installé à Paris il y a un an. Je suis étudiant en kiné et actuellement en stage à l’Institut Spécialisé pour déficients visuels. Je souffre d’une dégénérescence très lente de la vue. Pour le moment, je peux me déplacer seul. Depuis mon plus jeune âge, je suis un touche-à-tout en matière sportive (football, cross, tennis, vélo…). Cette année, j’ai participé à de nombreuses compétitions nationales (championnats de France de 10 km et semi-marathon, coupe de France paracyclisme…). L’idée de faire du paratriathlon me trotte dans la tête depuis longtemps. A cause des études, je pensais que je ne serais pas capable de trouver le temps requis pour m’entraîner. Le 10 octobre dernier, j’ai participé à mon premier triathlon, le Super Sprint Triathlon RMA à Paris. Ce jour-là, j’ai fait la connaissance de Thibaut Rigaudeau, licencié au RMA, qui m’a délivré des conseils éclairés et qui m’a incité à participer au stage de détection à Cannes. Auparavant, je m’étais préparé pendant un mois et demi avec mon guide Dany Pinard, maître nageur de 46 ans et licencié au club des Expatriés. J’ai beaucoup apprécié le stage. Le cadre était idéal, l’organisation très bonne et la météo parfaite. J’ai beaucoup appris au contact des athlètes qui avaient déjà participé à des compétitions internationales. Cela m’a gonflé à bloc pour les années à venir. Je me suis fixé Paris 2024 comme objectif. Mon école va m’aider pour cela. Je vais répartir mon cursus scolaire sur plusieurs années. Du coup, je vais intensifier mes entraînements. On verra si c’est faisable de décrocher le Graal. Sinon, on se projettera vers Los Angeles. ”